Mesurer, c’est comparer une grandeur physique inconnue avec une grandeur de même nature prise comme référence à l’aide d’un instrument. La grandeur de référence est directement reliée aux unités du Système international d’unités, le SI, et ainsi aux constantes qui le définissent depuis 2019. Raphaël Dallaporta a élaboré une création artistique ayant pour ambition de rendre visible la mesure en étroite complicité avec des métrologues de l’Institut fédéral de métrologie METAS (Berne, Suisse). L’installation réunit une série de photographies en lien avec les sept unités SI. Cette œuvre, par la mise en lumière d’une sélection inédite d’instruments provenant des laboratoires de métrologie, vise à révéler sensiblement l’interdépendance entre les unités du SI et les constantes physiques les définissant. Par ces compositions, les objets isolés de leur contexte peuvent témoigner de leur mystérieuse fonction. Les visiteurs sont invités à percevoir dans l’exposition Forme & Fomule, par une approche esthétique, les enjeux actuels de la métrologie. Aussi de manière évolutive, l’artiste Raphaël Dallaporta propose une expérience transversale des sept unités du SI par des éléments extraits des différents laboratoires. Par l’image, il invite le visiteur à se figurer les déterminations fondamentales de la mesure.
Chauvet – Pont-d'Arc, L'inappropriable
Chauvet – Pont-d’Arc, L’inappropriable, a été réalisé dans la grotte ornée du Pont-d’Arc, dite Grotte Chauvet. Ce site géologique au coeur des gorges de l’Ardèche fut naturellement préservé durant plus de 20 000 ans avant d’être redécouvert en 1994. Son accès est depuis strictement réservé aux chercheurs et scientifiques.
Grâce à l’Association pour la Mise en Valeur de la Grotte Ornée du Pontd’Arc et au Ministère de la Culture, Raphaël Dallaporta y a réalisé des panoramas photographiques présentés sous forme de planisphères, selon le modèle conçu en 1946 par l’inventeur américain Richard Buckminster Fuller.
Restituée sous forme de livre, l’oeuvre de Raphaël Dallaporta invite les lecteurs à contempler autrement les parois de la grotte. Dans cette posture déséquilibrante, le regard bascule. Il s’agit pour l’artiste d’une métaphore du mouvement du monde, de la rotation de la terre et des planètes, référence à l’hypothèse anthropologique selon laquelle les cavernes et le cosmos seraient reliés.
Expositions :
Kyotographie 2017 (installation vidéo)
Paris Photo 2016, Gare du Nord
Antipersonnel
L'une des grandes forces de la photographie réside dans son aptitude à inventorier et à fixer le monde dans lequel nous vivons. De par la simplicité et la clarté qu'elle procure, la photograhie ofre à la fois un potentiel commercial et artistique.
Depuis quelques années, il y a une tendance chez certains photographes documentaires à isoler un aspect précis de la société pour l'explorer dans le détail. Raphaël Dallaporta en présente un exemple saisissant avec son projet sur les mines antipersonnelles. Ces objets, étranges et répugnants, dégagent pourtant une certaine beauté qui dérange. On nous parle des ravages que les mines continuent d'infliger à des victimes innocentes bien après la disparition du but sous-jacent à leur pose. En effet, elles restent cachées sous terre tant qu'elles n'ont pas explosé. Je n'avais jamais vu de mine terrestre, que ce soit en réalité ou en photo, avant de découvrir les images de Dallaporta. Ce fut une révélation.
On nous dit qu'il existe toutes sortes de mines terrestres, des centaines, qui varient fortement selon l'apparence, la forme et les spécificités. En les photographant de la même manière qu'un autre l'aurait fait pour une publicité de shampooing, Dallaporta glorifie ces engins tout en conservant un angle totalement neutre. Le tour est si subtil qu'il est pour ainsi dire imperceptible.
Martin Parr
Orgues
Musée de la chasse
Ruins
Durant l’automne 2010, Raphaël Dallaporta prend part à une mission archéologique dans la région de Bactriane en Afghanistan, lieu de conquête mythique d’Alexandre le Grand.
À l’aide d’un drone conçu par ses soins, il réalise dans ce pays en guerre des photographies aériennes de sites archéologiques en grand péril ou inconnus jusqu’alors. L’appareil télécommandé est réglé pour prendre un cliché toutes les cinq secondes, cliché d’une précision sans équivalent.
La modélisation des images assemblées, leurs contours volontairement asymétriques mettent en valeur des monuments et des lieux inaccessibles. La technologie la plus pointue se met au service de thèmes chers à l’artiste - la destruction, la précarité des choses. Elle rend visible ce qui a été et qui n’est plus. Et n’est-ce pas la définition même de toute photographie ?
Tout le travail de Raphaël Dallaporta aboutit ainsi à un constat : la photographie ne dit rien, elle enregistre une forme et documente l’invisible. Médium moderne des traditionnelles vanités, elle permet d’évoquer avec subtilité la fragilité de toute chose, la violence et les vices de la société contemporaine.