Chauvet – Pont-d’Arc, L’inappropriable, a été réalisé dans la grotte ornée du Pont-d’Arc, dite Grotte Chauvet. Ce site géologique au coeur des gorges de l’Ardèche fut naturellement préservé durant plus de 20 000 ans avant d’être redécouvert en 1994. Son accès est depuis strictement réservé aux chercheurs et scientifiques.
Grâce à l’Association pour la Mise en Valeur de la Grotte Ornée du Pontd’Arc et au Ministère de la Culture, Raphaël Dallaporta y a réalisé des panoramas photographiques présentés sous forme de planisphères, selon le modèle conçu en 1946 par l’inventeur américain Richard Buckminster Fuller.
Restituée sous forme de livre, l’oeuvre de Raphaël Dallaporta invite les lecteurs à contempler autrement les parois de la grotte. Dans cette posture déséquilibrante, le regard bascule. Il s’agit pour l’artiste d’une métaphore du mouvement du monde, de la rotation de la terre et des planètes, référence à l’hypothèse anthropologique selon laquelle les cavernes et le cosmos seraient reliés.
Expositions :
Kyotographie 2017 (installation vidéo)
Paris Photo 2016, Gare du Nord
Antipersonnel
L'une des grandes forces de la photographie réside dans son aptitude à inventorier et à fixer le monde dans lequel nous vivons. De par la simplicité et la clarté qu'elle procure, la photograhie ofre à la fois un potentiel commercial et artistique.
Depuis quelques années, il y a une tendance chez certains photographes documentaires à isoler un aspect précis de la société pour l'explorer dans le détail. Raphaël Dallaporta en présente un exemple saisissant avec son projet sur les mines antipersonnelles. Ces objets, étranges et répugnants, dégagent pourtant une certaine beauté qui dérange. On nous parle des ravages que les mines continuent d'infliger à des victimes innocentes bien après la disparition du but sous-jacent à leur pose. En effet, elles restent cachées sous terre tant qu'elles n'ont pas explosé. Je n'avais jamais vu de mine terrestre, que ce soit en réalité ou en photo, avant de découvrir les images de Dallaporta. Ce fut une révélation.
On nous dit qu'il existe toutes sortes de mines terrestres, des centaines, qui varient fortement selon l'apparence, la forme et les spécificités. En les photographant de la même manière qu'un autre l'aurait fait pour une publicité de shampooing, Dallaporta glorifie ces engins tout en conservant un angle totalement neutre. Le tour est si subtil qu'il est pour ainsi dire imperceptible.
Martin Parr
Orgues
Fragile
À la manière de planches encyclopédiques destinées à un cours d’anatomie universitaire, Raphaël Dallaporta photographie des organes. La légende une fois encore vient expliquer l’origine de ces images muettes.
L’objet principal n’est finalement pas l’organe représenté mais la raison de sa présence dans une salle d’autopsie. L’apparente neutralité de la prise de vue, issue d’un protocole strict ( vue frontale, arrière plan noir permettant un éclairage dense du « sujet » ), isole chaque fragment de corps en tant qu’indice permettant de déterminer la cause de la mort.
Ces reliques de chair et d’os ont une valeur concrète d’identification. Mais ainsi photographiées, elles possèdent en outre une dimension métaphysique et philosophique en rappelant le caractère éphémère de la vie et la vulnérabilité humaine.
Musée de la chasse
Esclavage Domestique
Réalisé en collaboration avec le Comité Contre l’Esclavage Moderne, ce documentaire photographique deprésente l'extérieur des habitation, à l'adresse exacte, où ont été signalés les cas d’esclavages domestiques.
Son confrontés à ses images des témoignages retranscrits par la journaliste Ondine Millot : des expériences de femmes d'origine étrangère, venues en France pour travailler, qui ont été exploitées en tant qu'esclaves domestiques.
Plutôt que de pointer son objectif sur les victimes, Raphaël Dallaporta a préféré le tourner vers le lieu du crime. Ces images d’architecture, d’une sobriété glaciale, alliées aux textes méticuleux d’Ondine Millot, décuplent l’imagination. Car ces habitations – hôtels particuliers, tours de HLM ou pavillons de banlieue – sont banales. Elles pourraient être celles de nos voisins.
Ruins
Durant l’automne 2010, Raphaël Dallaporta prend part à une mission archéologique dans la région de Bactriane en Afghanistan, lieu de conquête mythique d’Alexandre le Grand.
À l’aide d’un drone conçu par ses soins, il réalise dans ce pays en guerre des photographies aériennes de sites archéologiques en grand péril ou inconnus jusqu’alors. L’appareil télécommandé est réglé pour prendre un cliché toutes les cinq secondes, cliché d’une précision sans équivalent.
La modélisation des images assemblées, leurs contours volontairement asymétriques mettent en valeur des monuments et des lieux inaccessibles. La technologie la plus pointue se met au service de thèmes chers à l’artiste - la destruction, la précarité des choses. Elle rend visible ce qui a été et qui n’est plus. Et n’est-ce pas la définition même de toute photographie ?
Tout le travail de Raphaël Dallaporta aboutit ainsi à un constat : la photographie ne dit rien, elle enregistre une forme et documente l’invisible. Médium moderne des traditionnelles vanités, elle permet d’évoquer avec subtilité la fragilité de toute chose, la violence et les vices de la société contemporaine.
The New Yorker
Série réalisée dans le cadre d'un article de The New Yorker "Les trésors enfouis d'Istanbul". Cette série comprend une épave byzantine exhumée lors de la construction du tout premier tunnel sous le Bosphore, ainsi que les ossements d'animaux byzantins.