L'une des grandes forces de la photographie réside dans son aptitude à inventorier et à fixer le monde dans lequel nous vivons. De par la simplicité et la clarté qu'elle procure, la photograhie ofre à la fois un potentiel commercial et artistique.
Depuis quelques années, il y a une tendance chez certains photographes documentaires à isoler un aspect précis de la société pour l'explorer dans le détail. Raphaël Dallaporta en présente un exemple saisissant avec son projet sur les mines antipersonnelles. Ces objets, étranges et répugnants, dégagent pourtant une certaine beauté qui dérange. On nous parle des ravages que les mines continuent d'infliger à des victimes innocentes bien après la disparition du but sous-jacent à leur pose. En effet, elles restent cachées sous terre tant qu'elles n'ont pas explosé. Je n'avais jamais vu de mine terrestre, que ce soit en réalité ou en photo, avant de découvrir les images de Dallaporta. Ce fut une révélation.
On nous dit qu'il existe toutes sortes de mines terrestres, des centaines, qui varient fortement selon l'apparence, la forme et les spécificités. En les photographant de la même manière qu'un autre l'aurait fait pour une publicité de shampooing, Dallaporta glorifie ces engins tout en conservant un angle totalement neutre. Le tour est si subtil qu'il est pour ainsi dire imperceptible.